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Mon travail artistique se situe à la lisière de deux pratiques, s’alimentant sans cesse, que sont l’intervention dans l’espace public et le façonnage d’objets dans mon atelier. La première donne à mon travail une dimension sociale et collective tandis que ma pratique manuelle livre un travail plus fragile et intimiste.
Depuis le début des années 2000, je m’inscris dans le mouvement qui consiste à sortir l’art des institutions. J’expose en extérieur et je m’intéresse aux relations complexes que nous entretenons avec notre environnement. Je développe une réflexion autour de notre ambivalence causée par le réel désir de retour aux sources de la nature qui nous habite tous, en même temps que des fantasmes toujours grandissant de futur technologique. A vouloir dominer la nature, il semble que nous ayons perdu son contrôle. Mes dispositifs, installations et sculptures, réunissent des éléments opposés témoignant de la tension qui naît de ces contradictions. Mes interventions sont des anomalies qui trouvent leur place au point de se confondre avec leur environnement. La nature hybride que je produis décrit un paysage en pleine mutation, à la frontière du réel.
Depuis quelques années, j’intensifie mes réflexions sur les dérives de la technologie sous le prisme artisanal de la céramique. Avec cette dernière j’explore une échelle plus immédiate. J’utilise la faïence, le grès, la porcelaine ainsi que leurs différents émaillages pour avoir des rendus très différents, parfois brut ou au contraire d’une extrême délicatesse, fragilité. La maitrise technique que j’ai acquise me permet de créer des objets d’un grand réalisme et de jouer, comme dans mes installations extérieures, avec les frontières de la réalité.
J’invente un monde dans lequel les graffitis sont en géraniums, les champignons de souches poussent sur du mobilier de jardin en plastiques jusqu’à l’absorber, les mauvaises herbes sont disciplinées et forment des jardins à la française, ou encore dans lequel les déchets sont en porcelaines lustré d’or, fragiles et précieux. Un monde dans lequel la nature fantasque déborde et où les indésirables - graffitis, mauvaises herbes, déchets et autres - deviennent les vraies stars. Un quotidien à la fois banal et enchanté, où s’exprime nos propres contradictions internes face à une crise écologique devenant étouffante.