Beamerzellen, 2006

Technique mixte / Dimensions variables

 

Cabines de téléportation pour pigeons / Résidence de six mois à Berlin, Pépinières Européennes pour Jeunes Artistes.

Douze cabines de téléportations ont été installées dans un quartier de Berlin qui a la particularité d’avoir une population composée essentiellement d’immigrées turques. Ces cabines ont été conçues comme une échappatoire pour pigeons et une explication possible de la façon par laquelle ils sont arrivés. Pourquoi donner la possibilité aux pigeons de se téléporter, alors qu’ils ont déjà la liberté de voler ? Ces cabines sont-elles une échappatoire pour oiseaux de banlieue ou une explication possible de la façon par laquelle ils sont arrivés ? Le fait de réfléchir sur des animaux plutôt que sur des hommes, peut-être une façon ludique d’approcher certains problèmes de société graves.

 

 

 

Marilou Lemmens & Richard Ibghy

Duo d'artistes
2025 / Interview

 

 

Comment traduire « Beamerzellen » ?
Beamerzellen signifie cabine de téléportation en allemand. Si on décompose le mot cela donne Beamer/faisceau lumineux et Zellen/cellule, un faisceau lumineux dans une cellule.

Où les cabines de téléportations étaient-elles placées ? Toutes au même endroit ou dans différents lieux ?
Les cabines de téléportations étaient disposées à différents endroits dans le petit quartier de Wrangelkiez (quartier de Wrangel), un quartier dans le quartier de Kreuzberg à Berlin. En collaboration avec les pépinières européennes pour jeunes artistes j’ai été invité par le centre culturel allemand, Schlesische27, qui travaillait à proximité de ce quartier. Ce petit quartier a la particularité d’avoir une population composée essentiellement d’immigrées turques. Ces cabines ont été conçues comme une échappatoire pour oiseaux de banlieue et une explication possible de la façon par laquelle ils sont arrivés ! Le fait de mettre à la disposition des pigeons, des cabines de téléportation dans une cité, évoque la question de la liberté de mouvement qui existe dans ces lieux, c’est-à-dire à la fois, la façon par laquelle on y est arrivé, le degré d’attachement que l’on porte à sa cité et le besoin que l’on a d’en échapper. Pourquoi donner la possibilité aux pigeons de se téléporter, alors qu’ils ont déjà la liberté de voler ? C’est comme si cette liberté était mise à l’épreuve… Le fait de réfléchir sur des animaux plutôt que sur des hommes, peut-être une façon ludique d’approcher certains problèmes de société graves.

Combien de cabines y avait-il au total ?
Douze cabines étaient installées à des endroits différent du quartier. Elles étaient installées en six groupes de deux. Il y avait côte à côte, les cabines qui permettaient de partir et celles qui permettaient d’arriver. Une signalétique de couleurs verte et rouge, comme des feux de signalisation, les différenciaient.

Combien de temps les cabines sont-elles restées sur le(s) site(s) ?
Les cabines de téléportation pour pigeons ont été construites avec des matériaux typiquement Berlinois. Elles étaient en béton, recouvertes de graffitis et d’affiches comme tous les murs de Berlin. Leurs esthétiques étaient à mi-chemin entre le bunker et la boite de nuit. Mon intention étaient qu’elles se fondent aux paysages. Malgré cet habile camouflage, les cabines qui étaient placées dans des endroits plus ou moins surveillé sont restées plusieurs semaines, d’autres installées dans des endroits plus publics ont disparues assez vite !

Et, est-ce que la téléportation a fonctionné ? Si oui, sais-tu où les pigeons sont allés ?
J’ai installé les cabines dans des endroits fréquenté par des pigeons. J’ai essayé d’attirer les pigeons en mettant des graines dans les cabines, ce qui m’a permis d’attirer tous les oiseaux du quartier ! J’ai eu beaucoup de mal à observer d’éventuel aller-retour entre les deux cabines… Ce qui me laisse à penser que les pigeons attendaient la nuit pour se téléporter !